dimanche, avril 26 2015

Derniers soupirs d'un homme oublié

Vous ne comprenez pas, me dites-vous. Que fais-je ici ? Qui suis-je, pour être restée avec lui jusqu'à son dernier soupir ? Moi, qui ne fais pas partie de sa famille ?

Vous, sa famille, n'avez pas pu l'accompagner. Sa fin vous était trop difficile, sa maladie trop horrible. Moi, l'inconnue, comment ai-je pu...?

J'ai été son amante, voyez-vous. Pas longtemps, me répondez-vous. Vous l'auriez su. Non. Pas longtemps. Quelques moments fugaces à peine suffisant pour être une muse, trop vite oubliée.

Mais... nous avons été amants. Son corps, pendant quelques brefs moments, m'a appartenu, et il a joui du mien.

Oui, c'était il y a longtemps. Un lien ténu du passé. Mais je n'ai pas oublié la vigueur de ses étreintes, je n'ai pas oublié la fermeté de sa voix, je n'ai même pas oublié son odeur -il fumait le cigare. Sa peau douce. Son crâne rasé.

Vous ne le voyez plus comme ça. Vous ne voyez que ses dernières années, son corps et son esprit ravagés. Vous ne pouvez plus voir l'homme qu'il a été.

Moi, j'ai pu revenir à ses côtés et retrouver cet homme que vous avez oublié. Vous l'avez abandonné. Vous n'avez pas supporté de rester. Je suis arrivée juste à temps pour l'accompagner. J'ai été là à ses derniers moments, quand la morphine l'a libéré de ses tourments. Quand il a été lucide, et se trouvant seul, désemparé, je me suis glissée à ses côtés, prenant sa tête sur mon sein qu'il avait jadis tant admiré et nous avons parlé, brièvement, de vous qu'il a tant aimé. De nous, qu'il avait oublié.

J'ai retrouvé brièvement dans son regard la force et la vigueur de jadis. Oubliés, son corps fatigué, sa peau ridée, sa voix brisée. L'enveloppe fripée n'a pas d'importance. Seuls comptent ces derniers moments où je lui ai fait revivre le passé. Je lui ai murmuré des mots crus à l'oreille. J'aurais aimé une dernière étreinte, lui ai-je dit, être l'esclave de ses désirs, me mettre à genoux devant lui et lui offrir de nouveau ma poitrine rebondie. Il m'aurait prise alors, et se retirant au dernier moment, il aurait laissé son foutre recouvrir mes reins.

Ah, ce petit sourire en coin, cette lueur dans son regard... Puis il s'est endormi. Il était détendu. Son corps presque ravivé. Le dernier sommeil est venu. Je l'ai veillé, comptant son souffle... et puis la mort est passée, à pas feutrés, et l'a emmené.

Vous ne comprenez pas, vous parlez de courage. Comment ai-je pu étreindre ce corps malgré ses ravages ? Comment pouvez-vous comprendre que j'ai vu l'homme que j'ai connu, et que nous nous sommes retrouvés, bref amants du passé, oubliant le présent?

Laissez-moi seule maintenant, donnez-moi une dernière minute avec lui. Laissez-moi faire mon deuil et prendre congé de lui.

Pour D. à qui je n'ai pas parlé depuis des années mais qui, aux dernières nouvelles, était en parfaite santé.

mercredi, avril 22 2015

Eye candy

Ils sont trois, bien bâtis, tirés à quatre épingle... ils déambulent dans le couloir devant moi... un soupçon de danger, un frisson de plaisir...

Ils bifurquent, ou est-ce moi ? Je continue mon chemin, un peu plus loin, un autre trio. Impeccables, impassibles, irrésistibles. J'aime les hommes en uniforme.

Merci Vigipirate.

jeudi, avril 2 2015

L'arnaque

Il est jeune, soigné, un téléphone à la main, en détresse. Il est en panne d'essence pour son scooteur, son patron n'est pas joignable, son boulot est en jeu, est-ce que je n'aurai pas deux euros pour l'aider à repartir? il y a une pompe à essence pas loin et il peut y pousser sa bécane.

Le premier, j'aurais pu le croire. Le second, quelques mois plus tard...?

mercredi, octobre 1 2014

La blonde du métro

Ô femme fascinante, de dos ta chevelure abondante mais négligemment nouée ne cadrait pas avec ta longue jupe bleue retroussée. Le claquement de tes sandales sur les planches en bois résonnait jusqu'en haut de tes hanches, remontant le long de ta cuisse blanche. A la limite de la course, ta marche effrénée entre deux correspondances m'a fascinée. Tout en toi était contradiction, entre tenue élégante et sac garçon, cuisse dénudée et détermination.

Je t'aurais suivie des heures pour essayer de comprendre ta motivation.

mercredi, septembre 17 2014

Le boulanger

Dans un rayon de 3 min à pied de chez moi, il y a 7 boulangeries. Si je n'en loupe pas.

Il y a en a deux au pied de chez moi.

Et dans la plus proche, il y a... un charmant jeune homme. Bon, jeune devient relatif à mon âge avancé et décrépi, vu que je le soupçonne d'être plus vieux que moi, mais charmant, ça, ce n'est pas relatif du tout. Aimable, souriant, et avec un petit mot spécial quand c'est moi qui entre dans la boulangerie... d'anticipation j'y arrive avec le sourire, j'en ressors les zygomatiques tirés jusqu'aux sourcils.

Mais je ne connais pas son nom. Ni lui, le mien.

mercredi, juin 25 2014

Plus d'un an

Ah ouais quand même plus d'un an que je n'ai pas posté ici. Hum. Et combien de billets en brouillon qui attendent que je les finisse...?!

mercredi, mai 22 2013

SHE WALKS IN BEAUTY

SHE WALKS IN BEAUTY.

I.

She walks in Beauty, like the night
Of cloudless climes and starry skies;
And all that's best of dark and bright
Meet in her aspect and her eyes:
Thus mellowed to that tender light
Which Heaven to gaudy day denies.

II.

One shade the more, one ray the less,
Had half impaired the nameless grace
Which waves in every raven tress,
Or softly lightens o'er her face;
Where thoughts serenely sweet express,
How pure, how dear their dwelling-place.

III.

And on that cheek, and o'er that brow,
So soft, so calm, yet eloquent,
The smiles that win, the tints that glow,
But tell of days in goodness spent,
A mind at peace with all below,
A heart whose love is innocent!

-Lord Byron, June 12, 1814

samedi, mai 18 2013

La dame à la bicyclette

Ca a commencé par un sourire, un "pardon", un "merci". Le trottoir est étroit, elle va dans un sens, moi dans l'autre. Maintenant, c'est un "bonjour" et un sourire.

Parfois, je la croise près du RER, parfois, je la croise près du boulot. Toujours dans le même créneau, le matin en allant au bureau.

A force de se saluer, elle paraît familière, comme si je devais la connaître. Mais à part une partie de son itinéraire...

... je ne sais pas qui elle est.

dimanche, mai 12 2013

Mon chili "maison"

Je me suis rendue compte que la version "maison" de mon chili était discutable:
- oignons émincés surgelés
- viande hachée surgelée
- haricots rouges en boîte
- tomates pelées en boîte
- maïs en boîte
- poivrons frais! Bon, on en trouve aussi surgelés
- épices à chili

Bon, le côté maison, c'est les proportions et la cuisson, c'est ça...?

lundi, mai 6 2013

Sur ma table de chevet...

...il y a :
- une boîte de mouchoirs
- une boîte de thé à l'amande Kushmi Tea
- un alcootest
- un bouquin à lire, Les Chemins de la bête, de Andrea H. Japp
- une clef à molette
- une liseuse
- de l'huile de massage citron vert - vanille
- mon portable
- un bol fait main par P.
- un BlackBerry
- du lubrifiant
- de la monnaie roumaine et thaïlandaise
- une mono-boule de Geisha
- un plaquette entamée d'anti-istaminique
- une lampe de chevet
- de la poussière.

jeudi, avril 25 2013

Le joueur de xylophone

Parfois, il est là, mais plus souvent, il n'est pas là. C'est pas grave, même absent, j'ai ses airs dans la tête.

Depuis le haut de l'escalier, là où je peux entendre les premières notes, je tends l'oreille, consciemment mais plus souvent inconsciemment.

Il joue des airs gais, vifs, entraînants. Il est vigoureux, presque gesticulant, ses deux mailloches toujours en mouvement. Assis par terre, le xylophone entre les jambes, je me demande quel genre de musique il a dans la tête, quel genre de pensées positives il garde à l'esprit pour créer des airs aussi euphorisants.

Moi, je sors du métro, que j'ai pris au sortir du tram, j'ai déjà monté un escalier, passé un portillon, enfilé des couloirs, descendu un autre escalier avant de le voir. Je ne passe pas devant lui, je tourne à gauche pour prendre l'escalator et le RER juste avant de l'atteindre.

Moi, je suis dans le train-train des transports, dans l'enfilade des changements, dans le calcul du placement sur le quai qui me met face à la sortie, dans l'optimisation du trajet, le détour qui évite des escaliers, le coup d'oeil machinal vers l'écran pour vérifier l'heure du prochain train, le passe Navigo dans la poche extérieur pour éviter de le sortir du sac, le mépris du mendiant-sourd-qui-en-fait-fait-parti-d'un-réseau-et-ne-parle-pas-la-langue, qui pose ses messages sur les sièges, la haine de l'accordéoniste et de ses flonflons.

Moi, je suis dans l'engrenage, et lui, il est la goutte d'huile qui me fait continuer mon chemin avec un sourire.

vendredi, avril 19 2013

Une mèche de tes cheveux...

L'espace d'une nuit ou deux, nous nous sommes échappées comme deux amoureuses, tu as été mienne et tu m'as fait tienne, et quand nos étreintes ont perdu de leur ferveur, quand nous avons récupéré l'autre moitié de notre cœur, tu ne m'a pas rejetée, et tu m'as donné une petite partie de toi à conserver.

J'ai choisi un coeur, pour celui qui a battu sous ma main.
J'ai choisi du bronze, pour la chaleur de sa couleur qui me rappelle la chaleur de ta peau.
Je l'ai choisi ouvert, pour lui apporter de la lumière.

Je me reprends parfois à me demander ce qui se serait passé si nos deux cœurs n'avaient pas choisi de se reposer ailleurs.

jeudi, avril 18 2013

99°... and rising

99° -partir, tout plaquer, au gré des vents et des routiers, errer, ne pas s'inquiéter… Dormir, rire, se souvenir, se créer, se trouver, s’aventurer.

99° -rencontrer... peur, peur qui tenaille, liens, obligations, distances, présences, communications.

99°, and rising -envie, curiosité, découvrir, marcher, avancer, se poser, jamais immobile.

Un train, un continent à traverser, le sifflet de la locomotive, des prairies à perte de vue, des milliers de kilomètres qui défilent... Canada, 2001.

...rising...

Voiture, bord de route, larmes: où suis-je, où vais-je ? Je tombe, un coup de fil : je suis rattrapée. Filet de sécurité. Angers, 2002.

...rising...

Voiture, bord de route, bord de Loire, fascination. Loire, Maine, Mayenne, bac et île, lac et tapisserie. Région angevine, 2004.

...rising...

Jour, nuit, voiture laissée à la va-vite, train, Rammstein, retour, printemps, été, douceur, bonheur. Arpenter les villes en métal et cuir. Allemagne, 2005.

...rising...

Aventures, découvertes, sexe, passion, obsession, douleur, jalousie, dépression. Entre Paris, Charleville, Freiburg, et Bruxelles, 2007.

...rising...

Explorations. Stockholm, soleil couchant. Le crépuscule et ses doigts d'or teintent la ville de couleurs automnales. Edimbourg, aux hortensias cachés derrière les roses de pierre, aux bancs marqués du noms de ceux qui les ont donné. Florence, aux marbres taillés de la Renaissance. Amsterdam, de canal en canal. Les rues étroites, vides, vertes et pavées, les ponts qui enjambent, les maisons qui se serrent, les vélos qui passent en silence comme autant de présences. Vienne, et ses contes d'hiver, ses marchés de Noël, ses sapins et sa neige. 2009 à 2011.

...rising...

Partir-partir-partir-s'en aller, tout laisser, s'échapper, respirer, ne pas se retourner - fuir, fuir, se remettre à vivre. Train à volonté, langues inconnues, aventures, villes magiques et sordides, musées, culture et tourisme. Ecrire, se poser, sourire. Lire, marcher, découvrir. Joie de vivre. Entre Sofia et Copenhague, 2012.

...rising...

Choc -un taxi rose vif, des sourires constants, assise à cru sur un éléphant, fruits et temples, dorures et laques. Thaïlande, 2013.

...rising...

A venir: Cologne, et peut-être la Suisse. Rêves de Turquie et d'Egypte, de Maghreb et de Jordanie.

...99°, and rising : Canada, 98-99, là où tout a commencé.

jeudi, mars 14 2013

Patience, patience

Bon, les Liebster Awards, c'est en cours, si si je vais y répondre. Je suis juste bloquée à l'étape "mettre sur mon site la photo avec le fond en transparent parce que le carré blanc c'est moche", alors que mon blog me refuse de mettre des photos et que mon ftp ben j'ai pas les codes sous la main. Oui je sais c'est de l'excuse bidon. D'ailleurs je viens de trouver une solution.

Sinon ma vie en ce moment: je reviens de Thaïlande! Récits, premières photos, toussa, sur mon blog de voyage. Je commence à recaler niveau horaires, c'est-à-dire que j'arrête de me coucher à 18h pour me lever à 4h du matin, il ne reste plus que le bordel de défaisage de sac de ma chambre à ranger (cuisine: check, entrée: check, machine à laver: check). J'ai récupéré les photos d'Aristobullette. Bon, ça avance, ça avance, tout ça!

lundi, février 4 2013

Curry ou Teryaki

Y'a des questions existentielles dans la vie (n'est-ce pas), et celle d'aujourd'hui est de faire revenir mon prochain essai culinaire dans une sauce au curry ou dans une sauce teryaki...

lundi, janvier 28 2013

Dans Paris, pourtant, il y a Javel

Paris, je t'aime, mais parfois, tu pues. Littéralement. Les crottes de chien, l'odeur de pisse, les ordures, les chewing-gums collés au macadam...

Paris, maintenant que j'ai quitté tes beaux quartiers du 17ème pour vivre dans le 19ème, que je ne prends plus le métro sous les immeubles haussmanniens mais dans un quartier populaire, je vois tes dessous de plus près. Deux petits chiffres, un quart de tour dans Paris. Je connaissais déjà tes clodos qui dorment sur les quais, maintenant je découvre les familles qui y campent.

Je ne pensais pas qu'Etoile et Nation seraient aussi bien nommées.

mardi, janvier 15 2013

Down memory lane

The hour is late -or early-, which is why I find myself treading memory lane. The direct path to past memories, all too often melancholic.

First stop, a friendship slipping away, and the feeling of being powerless to grab it back. Reaching, reaching, and feeling as if I'm not grasping anything. I hope time will bridge that rift.

Second stop. Old music, old times, old friends. Am I wearing rosy blinkers, was that time better than my present? Was I happier, more carefree, or more sure of where I was heading? Or were my fears, and my expectations, just different?

Third stop. Past love, past lovers, well... there at least time has done its work. I can wear a satisfied face.

So, looking down at memory lane, looking for an anchor for my present, and not really finding anything. I need to have my life take an unsuspecting turn.

...et sinon, j'écoute une chanson de l'album "Royaume mélancolique" et je m'étonne d'avoir des pensées noires. M'apprendra.

vendredi, janvier 11 2013

Pain italien

La boulangerie au pied de chez moi (enfin pas celle au pied de chez moi un peu à gauche, mais l'autre, au pied de chez moi un peu à droite) fait un pain italien. J'ai été curieuse: quelle était la différence? J'ai donc essayé. Et je suis fan.

Le pain italien, c'est un pain au goût de pizza: il a une texture différente (un croûte très croustillante, une mie légère), et il a un goût d'origan. Et ben c'est chouette.

jeudi, janvier 10 2013

Devant le rhinocéros

J'aurais pu lui donner rendez-vous sous l'horloge. Parfois, ça marche. Parfois, il y a deux horloges, et ça ne marche pas (bonjour, gare Montparnasse!).

Mais ça aurait été trop facile, trop classique.

Alors je lui ai donné rendez-vous devant le rhinocéros. A Paris, c'est possible.

mercredi, novembre 21 2012

Carte Blanche

Paris, j'ai découvert un bout de ton passé, j'ai découvert l'origine de tes Halles, et du haut de l'ancienne gare, j'ai pu me glisser derrière les horloges géantes et je t'ai vu, étalé, à mes pieds.

J'ai fait ma parisienne, je suis allée flâner au musée d'Orsay.

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